Manéli Farahmand, Mischa Piraud, « Conspiritualité », Anthropen, 27 juillet 2024. Lien vers l’article
Le concept de conspiritualité (conspirituality), développé en 2011 par David Ward et Charlotte Voas, désigne l’intersection entre la spiritualité New Age dans son acception large, et les théories du complot. En définissant la conspiritualité comme une philosophie politico-spirituelle émergeant dans les années 1990 et fondée sur les principes selon lesquels rien n’arrive par hasard, rien n’est ce qu’il semble être, et tout est lié, Ward et Voas conceptualisent un champ articulant les théories du complot et la spiritualité. Ce champ tend à gagner en autonomie, notamment en ligne, depuis la pandémie de Covid-19. Bien que le texte initial de Ward et Voas ait suscité des critiques, tout en ouvrant la voie à un domaine d’investigation novateur et stimulant. Cet article discute cette notion tout en soulignant ses développements récents.
Manéli Farahmand, Fabrice Berna, « Les dérives sectaires en santé : comparaison entre la France et la Suisse : Partie 1. Définition et gestion du risque sectaire », Hegel, 2024/2, pp. 155 à 174. Lien vers l’article
Depuis la crise du Covid-19, les autorités sanitaires françaises sont préoccupées par les dérives thérapeutiques, notamment liées aux pratiques de soins non conventionnelles (PSNC). En Suisse, les récents rapports de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) sur la « hausse des signalements liés à la santé » ont déclenché un débat porté par des personnalités politiques, conduisant à questionner l’approche suisse. La France et la Suisse sont toutes deux confrontées à des enjeux de régulation des PSNC, mais abordent différemment la définition d’une dérive sectaire.
Une dérive sectaire en Suisse est vue de manière pragmatique, comme un acte juridiquement répréhensible commis dans le contexte de croyances religieuses. En France, depuis la loi About-Picard de 2001, elle inclut en plus la notion psychologique d’emprise mentale.
En termes de gestion du risque sectaire, le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) – une institution suisse indépendante et neutre – met l’accent sur la prévention, la sensibilisation et l’éducation du public. Ses actions sont fondées sur des enquêtes approfondies réalisées avec des compétences scientifiques. En France, l’accent est davantage mis sur une approche restrictive et pénale, orientation actée par le rattachement de la MIVILUDES au ministère de l’Intérieur depuis 2020. Les rapports de la MIVILUDES présentent des analyses basées sur des données imprécises et ne bénéficient pas d’une expertise scientifique. Ils font l’objet d’une communication active très relayée médiatiquement, lui conférant ainsi un rôle d’influence politique.
Fabrice Berna, Manéli Farahmand, « Les dérives sectaires en santé : comparaison entre la France et la Suisse : Partie 2. Évaluation et état des lieux des dérives sectaires en santé », Hegel, 2024/2, pp. 174 à 194. Lien vers l’article
Dans la partie 1 de notre étude, nous avions clarifié les définitions de « dérives sectaires » ainsi que les réponses politiques et juridiques à ces dérives en France et en Suisse. Cette seconde partie se concentre sur la méthodologie d’évaluation des dérives sectaires dans le domaine de la santé et sur l’analyse des données disponibles pour observer leur évolution au fil du temps. Les statistiques les plus accessibles étant celles des saisines ou des signalements en santé adressées à la MIVILUDES en France ou au CIC en Suisse, nous observons qu’ils ne sont pas directement indicatifs de « dérives sectaire en santé ». Nous proposons ensuite une analyse critique et comparative des méthodes employées par ces deux institutions ainsi qu’une évaluation des chiffres. Nos analyses montrent une relative stabilité des demandes adressées au CIC au sujet de la santé holistique entre 2002 et 2023, alors que le recours à ces pratiques a graduellement progressé en Suisse et a été réglementé par la loi de 2009. En France, le nombre de saisines adressées à la MIVILUDES relatives à la santé a augmenté jusqu’en 2017 puis s’est stabilisé ensuite. Les chiffres de la MIVILUDES concernant les signalements dans le domaine de la santé manquent cependant de précision, en particulier ceux relatifs aux pratiques de soins non conventionnelles. Nous discutons ces chiffres en soulignant l’asymétrie entre expertise scientifique et communication politico-médiatique d’une part et l’écart entre les chiffres disponibles et certaines affirmations d’une augmentation des dérives sectaires en santé depuis la pandémie.
Une dérive sectaire en Suisse est vue de manière pragmatique, comme un acte juridiquement répréhensible commis dans le contexte de croyances religieuses. En France, depuis la loi About-Picard de 2001, elle inclut en plus la notion psychologique d’emprise mentale.
En termes de gestion du risque sectaire, le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) – une institution suisse indépendante et neutre – met l’accent sur la prévention, la sensibilisation et l’éducation du public. Ses actions sont fondées sur des enquêtes approfondies réalisées avec des compétences scientifiques. En France, l’accent est davantage mis sur une approche restrictive et pénale, orientation actée par le rattachement de la MIVILUDES au ministère de l’Intérieur depuis 2020. Les rapports de la MIVILUDES présentent des analyses basées sur des données imprécises et ne bénéficient pas d’une expertise scientifique. Ils font l’objet d’une communication active très relayée médiatiquement, lui conférant ainsi un rôle d’influence politique.
Manéli Farahmand, ARGOS. Perspectives en sciences des religions, 2022, pp. 141 à 164. Lien vers l’article
Brigitte Knobel, Panorama des religions. Traditions, convictions et pratiques en Suisse romande, éditions Agora, 2022, pp. 62 à 64.
Lien vers le site des éditions Agora où commander la nouvelle édition du Panorama des religions ici.
Le CIC s’est réjoui de la parution du livre «Credo. À la découverte de la diversité religieuse vaudoise» aux Éditions Antipodes (Lausanne) en septembre 2020. Cet ouvrage a été réalisé par Eva Marzi (docteure, sociologue) en collaboration avec Mme Irene Becci (Prof., UNIL), Mme Brigitte Knobel, Mme Aude Zurbuchen, et Mme Chloé Berthet (anciennes collaboratrices au CIC). Il est notamment basé sur les recherches menées par le CIC entre 2017 et 2018, qui ont résulté dans la création d’une cartographie de la diversité religieuse du Canton de Vaud. Le livre est enrichi par des photographies d’étudiant-e-s de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) illustrant les onze grandes traditions religieuses – et leurs multiples courants – présentes dans le canton.
Lien vers le site des éditions Antipodes ici.
Farahmand Manéli, Piraud Mischa, Rouiller Sybille., Working Papers n°17, ISSR, Université de Lausanne, 2021. Télécharger l’article
Farahmand Manéli, in Cornelio J., Gauthier F., Tuomas M., Woodhead L., (eds). Routledge International Handbook of Religion in Global Society, London, Routledge, 2020.
Becci Irene, Farahmand Manéli, Grandjean Alexandre. , in Knibbe K., Fedele A. (eds). Secular societies, spiritual selves? Gendering the overlaps and boundaries between religion, spirituality and secularity, London, Routledge, 2020.
Carmo Leticia, Piraud Mischa, Pattaroni Luca, in Pattaroni L. (Dir), La contre-culture domestique: art, espace et politique dans la ville gentrifiée, 2020
Frédéric Richard, in Erhard F.-X., Moskaleva N., Wojhan D., Forman J., Smirnova M., (eds), New Currents on the Neva River. Papers Presented at the Fifth International Seminar of Young Tibetologists, Potsdam, Tethys.
Le 2 avril, le Réseau d’information de Genève sur les activités relatives aux droits et libertés –REGARD (www.regardge.ch) a publié la brochure « l’Evaluation Périodique Indépendante (EPI) des droits fondamentaux à Genève » Contribution de la société dans laquelle le CIC a rédigé le chapitre « Art. 25 Liberté de conscience et de croyance », en collaboration avec la Plateforme interreligieuse de Genève. Cette publication a été réalisée sur la base de l’article 42 de la Constitution genevoise qui stipule que « La réalisation des droits fondamentaux fait l’objet d’une évaluation périodique indépendante».