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AFP

Les déesses du coronavirus, en Inde et ailleurs

Dans les médias

Dans un article du 24 juin dernier, l’agence de presse Protestinfo révèle l’émergence de culte dédié aux déesses du coronavirus dans certaines régions d’Inde. Certain-e-s croyant-e-s créent ainsi leur propre idole féminine à laquelle ils vouent prières et offrandes dans le but d' »apaiser sa colère » et freiner la pandémie. Faire incarner les épidémies par des déesses serait une pratique courante dans l’hindousime et aurait été déjà observée lors des épidémies de peste, choléra ou variole.

Selon un article de Giuseppina Lenzo et Christophe Nihan (dans Viral, UNIL) sur les divinités antiques et les épidémies, associer des déesses ou dieux à des maladies, qu’on leur attribue un rôle de responsable de l’épidémie ou de guérisseur (rôles souvent entremêlés) est typique des polythéismes antiques. Ceci permet donc d’éclairer la perpétuation de cette tradition dans l’hindouisme ou le shintoïsme japonais, comme le mentionne un responsable religieux interviewé par Protestinfo. L’absence d’autorité centrale qui détermine strictement le panthéon dans l’hindouisme, favorise pour les croyant-e-s une certaine liberté dans leur pratique personnelle, ainsi de « créer » et de vénérer une déesse liée au coronavirus (Protestinfo).

Au centre de cette pratique, la conception duelle des divinités, qui sont perçues comme des puissances agissant aussi bien de manière positive que négative sur la vie des humains. Les rituels, comme la fabrication d’une statue, la placer sur l’autel, les prières et offrandes servent à gagner la sympathie et la confiance des déesses ou dieux et ainsi limiter leur potentiel de destruction via les épidémies (Lenzo, Nihan : 2020).

La figure d’une divinité féminine liée au coronavirus se retrouve dans d’autres contextes. Au Népal, certain-e-s habitant-e-s ont dévoué de nombreux rites à la divinité Sansari, déesse de la variole et des épidémies, en la mettant en rapport avec le Covid-19, dès les annonces de confinement en 2020. Des villages ont notamment fait de nombreuses offrandes au pied des maisons pour « éloigner » Sansari, et empêcher qu’elle ne pénètre et répande la maladie dans le village, via le virus. Un documentaire de l’ethnologue Grégoire Schlemmer (Institut de Recherche pour le Développement) qui détaille le culte d’un village népalais rendu à cette déesse se trouve en libre accès sur Canal-U.